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Interview de David Beauget : de l'importance des missions d’un ingénieur développeur dans un INSPE

Nicolas Bibart, chargé de communication à l'INSPE d’Amiens présente son retour d'expérience sur les missions d’un ingénieur développeur dans un INSPE.

Quelles sont vos missions générales en tant que programmeur à l'INSPÉ de l'académie d'Amiens et comment ont-elles évolué avec les années ?

En 2004, date de mon arrivée à l’INSPÉ de l’académie d’Amiens (alors IUFM), les outils numériques dédiés à l’enseignement (en particulier les LMS, Learning Management System) étaient encore peu démocratisés. Certaines plateformes, souvent très chères, proposaient des services peu adaptés (mais qui avaient néanmoins le mérite d’exister) à une époque où les foyers étaient encore loin d’être tous équipés d’une connexion internet et de matériel informatique.

Ma fiche de poste était alors partagée en deux parties : certes le développement d’outils pédagogiques y figurait, mais le plus urgent à l’époque était de proposer des solutions d’archivage numérique (en particulier des mémoires de recherche), et de moderniser les solutions logicielles utilisées par l’administration.

Le développement de plusieurs outils internes de communication et de partage de documents nous a rapidement permis de constater que le besoin de ces nouveaux outils était réel, aussi bien chez les étudiants qu’au sein des équipes d’enseignants. Tutelec, notre plateforme pédagogique numérique, était né. Son utilisation apportait des moyens complémentaires à la formation des futurs enseignants, et leur appropriation grandissante par les utilisateurs dévoilait toujours de nouveaux besoins et demandait sans cesse de pousser un peu plus loin les propositions technologiques.

Justement, au sujet de Tutelec : quelles sont ses différentes applications actuelles, quelles évolutions y avez-vous développées avec les années ?

Dès 2011, le passage sur la plateforme Moodle nous est apparu indispensable. Il s’agissait enfin d’un vrai LMS, qui proposait, déjà à l’époque, l’intégration de nombreuses activités interactives, réalisables en ligne, et directement intégrées dans des espaces de cours. Certains éléments manquaient encore un peu de souplesse, mais tout était là. Et déjà, la communauté hyperactive des développeurs et enseignants était l’assurance de toujours trouver des réponses aux questions qui pouvaient se poser.

Depuis, notre plateforme est en permanente évolution. Elle vit et grandit. Elle suit, bien sûr, les évolutions de Moodle qui ne cesse de s’améliorer et de proposer de nouveaux outils au fil de ses versions. Mais parfois, une demande spécifique ne peut être satisfaite avec les modules figurant dans la base de données officielle. Il faut alors savoir adapter, détourner des modules existants de leur but initial, ou simplement les développer à partir de rien quand on ne peut pas faire autrement (ce qu’heureusement Moodle permet de faire). Et surtout être réactif et ne pas attendre que l’existant devienne totalement bloquant.

Quel rôle a joué Tutelec au moment du premier confinement, qui nous a tous pris par surprise il y a un an ?

L’intégration des IUFM aux Universités me donne régulièrement l’occasion de mettre en commun nos idées entre équipes, et de peaufiner nos développements respectifs afin de nous assurer qu’ils puissent profiter au plus grand nombre. De façon plus générale, l’usage de Moodle/Tutelec par la quasi-totalité des enseignants titulaires et non permanents a permis une rapide adaptation aux formations à distance rendues nécessaires par la crise pandémique. La nombre de connexions quotidiennes a triplé, et le nombre d’activités a décuplé ! Les usages se sont ainsi multipliés tant quantitativement que qualitativement (asynchrone, synchrone enrichi, etc.). Des échanges écrits et des rencontres en visioconférence autour des pratiques pédago-fonctionnelles (l’appropriation de la solution Zoom par exemple, mais aussi une utilisation beaucoup plus pointue de Moodle et de ses possibilités) ont accompagné les équipes enseignantes pour faciliter le continuum pédagogique en période de distanciel. Là encore, la réactivité était primordiale

Au sujet du projet CONSPIRE INSPÉ maintenant… Sur quels axes de développement avez-vous travaillé sur la première plateforme CONSPIRE, et qu’avez-vous déjà développé sur sa version INSPÉ ?

En 2017, j’ai été sollicité par le Service Innovation Pédagogique de l’UPJV afin de répondre à un appel à projet de la Maison des Langues : le projet CONSPIRE (COmpéteNces et Stratégies dans les Parcours professionnels pour l'Insertion Régionale des Etudiants) qui est une plateforme d’autoformation à distance en anglais.

Très vite la plateforme Moodle, qui excelle dans les principes d’autoformation et de validation des compétences, a été retenue une fois encore. Mais il manquait alors, parmi les outils disponibles, la possibilité d’allier Serious Game et compétences, et la Maison des Langues avait déjà une idée bien précise de l’apparence et du fonctionnement de sa future plateforme.

Il ne restait plus donc qu’à mettre la main à la pâte, et à développer à partir de rien un outil, intégrable à Moodle, qui puisse répondre aux besoins particulièrement évolutifs (il ne faut jamais sous-estimer une équipe d’enseignant(e)s quand il s’agit de transformer une simple idée de base en saga aux multiples rebondissements scénaristiques !). Cette participation active à la phase de réflexion, mais également la liberté qu’on m’a donnée d’être force de proposition, parallèlement au développement, a permis d’anticiper de nombreuses impasses fonctionnelles et de contourner de façon immédiate chaque obstacle qui pouvait se présenter.

C’est donc logiquement que j’ai été à nouveau sollicité pour le second volet du projet Conspire, le module Conspire INSPÉ, qui repose cette fois sur les compétences professionnelles liées aux métiers de l’éducation et du professorat.

Il s’agit là pour moi d’un nouveau défi que j’espère pouvoir mener à bien, même si cette fois mon implication sera un peu soulagée par le recours à un second développeur, puisque la crise sanitaire actuelle et les proportions d’enseignement à distance qu’elle implique me mobilisent plus qu’en temps normal.